« Esprit remuant, barbouillé de lectures hâtives... »

Je suis tombé sur le portrait de Brissot dans La Révolution française de Pierre Gaxotte, portrait qui m'a furieusement fait penser à quelqu'un :  

« L'homme qui a joué alors le premier rôle (dans le déclenchement de la guerre contre le Saint-Empire et  la Maison d'Autriche), Brissot, est un des plus équivoques que l'on puisse imaginer. Comme bien d'autres, il semblait promis à une vie tranquille. Fils d'un restaurateur de Chartres, très à l'aise dans ses affaires, il avait été destiné à la basoche et placé comme clerc chez un procureur. C'était trop peu pour lui. Esprit remuant, barbouillé de lectures hâtives, il se croyait dés son jeune âge promis à une haute destinée et il avait abandonné la procédure pour courir sa chance, mais jusqu'alors son ambition s'était trainé dans des affaires de police, des besognes de librairie et des spéculations à la petite semaine, parmi le monde très louche des libellistes payés et des espions internationaux. On l'avait dit complice du célèbre maitre chanteur Théveneau de Morande. Il s'était fait élire péniblement député de Paris et il rêvait d'un grand coup de théâtre qui le révèlerait au monde.(...) Exercé aux jugements hâtifs et aux systèmes bâclés, il éblouissait les auditeurs naïfs par sa faculté d'improvisation , tandis que les "rognures d'histoire" dont il bourrait ses discours le faisaient passer auprès des autres pour un homme sérieux et informé. Pendant des semaines et des semaines, il se fera, dans les clubs, dans la presse et à l'Assemblée, le prédicateur obstiné de la guerre qui vient. »

 

La célèbre phrase « Nous avons besoin de grandes trahisons », qui pourrait être la devise d'ER, est d'ailleurs de Brissot. 
Les générations se succèdent mais les révolutionnaires restent les mêmes clowns sanglants. 

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