Note de lecture sur un bouquin lu récemment par le Raptor dissident : The Way of Men, de Jack Donovan.
 
TL;DR : La voie virile, c'est de s'enfiler entre hommes dans les vestiaires, les femmes c'est mal,  m'voyez.

Eléments pour une "pensée" raptorienne

Pour le titre de l'article, je me suis inspiré du titre du livre Éléments pour une pensée extrême de Georges Feltin-Tracol parce que ça sonne bien. L'auteur a fait une interview pour Méridien Zéro.

Metapedia, le Wikipedia de l'extrême-droite, écrit à propos de Feltin-Tracol : « Parfois qualifié de nationaliste révolutionnaire, ce partisan de l'Europe impériale préfère se définir d'une part en tant que Arpitan (et/ou néo-Lotharingien) - Français d'Europe, et d'autre part comme identitaire, solidariste, patriote, écologiste et communautarien. Il se désigne aussi parfois comme un traditionnaliste post-moderne ou un archéo-futuriste. »

Note importante : Le présent texte est plus une note de lecture sur le livre Way of the men qu'un essai sur la personnalité web du Raptor dissident. Même si l'un peut éclairer l'autre.

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En cliquant par curiosité sur le dernier "live" du Raptor Dissident en date ( RDV dissident #12) et en lisant la description de la vidéo pour ne pas perdre de temps, j'ai remarqué que le livre The way of men de Jack Donovan est abordé. Dans l'émission même, le Raptor l'aborde assez superficiellement (ne se concentrant que sur la partie des "4 vertus") pendant  3-4 minutes. Comme j'ai un intérêt pour les divers courants de pensée et que j'avais ce bouquin dans le fond de ma wishlist, hop, achat de la version anglaise sur Kindle histoire de voir en quoi la vision de Jack Donovan trouve écho dans le personnage du Raptor dissident. À noter pour les non-anglophones que le livre a été édité en français sous le titre La voie virile et préfacé par Piero San Giorgio (qui d'autre ?). Par défaut, je traduirai donc dans ce texte le leitmotiv "the way of men" par "la voie virile" plutôt que "la voie des hommes".
 
Dans le premier chapitre ("the way of men is the way of the gang" ), il y a un passage important qui sous-tend l'ensemble du livre et explique bien des choses :
 
"La masculinité est le fait d'être un homme au sein d'un groupe d'hommes. Au-dessus de tout, la masculinité est ce que les hommes veulent des autres [hommes]."
 
C'est une notion assez importante pour comprendre le bouquin : la voie virile n'est définie et reconnue que par des hommes et pour des hommes. Pour creuser plus loin les fondations de cette idée, il faut savoir que Jack Donovan est homosexuel. Il a d'ailleurs écrit un bouquin sur l'androphilie qui est un terme pour les homos qui rejettent la vision trop gauchiste et "efféminée" de la mouvance LGBT : "
I'm not gay, I'm androphile".
Androphilia de Jack Donovan. 

Quand on sait ça, l'atmosphère de bromance qui se dégage de cet essai où les femmes n'ont pas leur place devient clair. De la même façon qu'un dragueur vivrait de par l'approbation et le regard des femmes (même si elles sont incapables d'accéder à l'Oedipe, donc au concept, hein voilà faut l'savoir), Donovan vit par la validation de ses pairs masculins.
 
Jack Donovan nous présente ensuite les 4 vertus qu'un homme "viril" doit avoir:
 
1) Force : la capacité d'exercer sa volonté sur soi-même, sur la nature (environnement) et sur les gens.
2)  Courage : la capacité à prendre des risques pour obtenir des gains pour soi ou les autres.
3) Maîtrise : Le désir et le potentiel d'exceller dans un domaine technique qui participe à la "force" (cf. définition ci-dessus)
4) Honneur : la réputation d'un homme sur sa force, son courage et sa maitrise dans le contexte d'un groupe constitué majoritairement d'hommes.
 
A noter une parenthèse sur le "déshonneur" où JD divise ça en deux sous-groupes. D'abord la "masculinité déficiente" est la propriété de ceux qui n'arrivent à rien dans les 3 premières "vertus" (= journalopes de Canal+ !). Ensuite, vient le "déshonneur flamboyant" qui est celui de ceux qui n'en n'ont rien à faire de ces "vertus" et se moquent du regard et du jugement des autres hommes (= BHL, Meyer Habib, hein pas besoin de vous faire un dessin !)
 
JD fait ensuite la distinction entre l'homme bon et l'homme viril. Le premier est défini par un code moral proche des valeurs judéo-chrétiennes qui ne font pas nécessairement de lui un "homme" (on n'est pas loin de Nietzsche : morale des esclaves / morale des maîtres). En effet, si ces qualités peuvent aussi être celles d'une femme, alors ça en fait juste une bonne personne. JD avance que ces règles de conduite brident la masculinité. Il faut dès lors rechercher l'intersection entre la mentalité de gangs et la chevalerie : le point commun serait que dans ces deux mondes, les hommes auraient été plus concernés par le fait d'être des hommes avant tout que de chercher à être des hommes bons. Au regard de la société de consommation, un homme bon est juste un esclave du système (qui regarde le Grand Journal pendant qu'il est coincé dans les embouteillages !).

Arrive un chapitre où l'auteur raconte l'histoire de la fondation de Rome par Romulus et Remus pour illustrer la notion de gang dans l'Histoire. Un passage intéressant est celui où Romulus fait kidnapper des femmes pour assurer la descendance de sa tribu. Le livre ayant été écrit en 2012, si JD devait le ré-écrire, il pourrait prendre l'exemple de Boko Haram qui est une illustration plus contemporaine de ce qu'il glorifie
 

Jack Donovan en émule de Yukio Mishima

Jack Donovan en émule de Yukio Mishima

Concernant la société actuelle, JD liste 3 types de stimulations que les hommes poursuivent en guise de palliatif au côté agressif des gangs :
 
1) La masculinité simulée : intégrer l'armée, la police ou des équipes sportives
2) La masculinité par substitution : être spectateur ou s'intéresser au sport, aux évènements impliquant des "vrais hommes" (Histoire, films, romans)
3) La masculinité intellectualisée : être "agressif" dans les domaines économiques, politiques et idéologiques ou s'adonner à l'ascétisme.
 
Le problème avec notre société actuelle, selon JD, est qu'il tend à favoriser l'intellect (mouvement renforcé par l'industrialisation et l'automatisation/robotisation). Cela est négatif pour JD parce que dans ce modèle, les femmes sont autant capables que les hommes et ces derniers n'ont dès lors plus l'occasion de prouver leur masculinité aux autres hommes (on revient donc à cette notion de validation). L'esprit de compétition n'aurait dès lors plus le même goût dès lors que les femmes ont droit de cité. La relégation d'une masculinité violente aux oubliettes est dès lors le meurtre de l'identité masculine en elle-même.

 
Je passe le chapitre sur la comparaison entre les chimpanzés et les bonobos qui sert à différencier les sociétés patriarcales des matriarcales dans un premier temps puis à philosopher sur la perte du sens de la vie et des tâches qui serait le prix à payer dans une société de plus en plus féminisée.
 
Un peu plus loin, JD dessine son plan "politique". Si "la voie féminine" se base sur la prospérité, la sécurité et le globalisme alors il faudra que la voie virile se consacre à saper ces 3 aspects. L'État, c'est "eux" et notre tribu, c'est "nous" et il convient de faire ressentir de plus en plus ce fossé à la population pour faire éclater à terme la société déshumanisée.
 

Eléments pour une "pensée" raptorienne

En guise de chapitre final, on a "how to start a gang" ou le modèle de "Monte une équipe". Le gang/l'équipe est le noyau de l'identité masculine. "Aucune femme ne peut prendre la place des hommes dans la vide d'un homme [...] Les hommes doivent poser des limites et faire une place aux hommes dans leurs vies".

Les femmes étant perçues comme des êtres qui cherchent à retenir l'attention de l'homme et à le détourner de la voie virile. S'ensuit le modus operandi : faire des démarchages par Internet, se regrouper localement par affinités et faire des activités qui resserrent les liens entre hommes. Le but étant de créer une fraternité, les groupes politiques anti-establishment sont déconseillés car trop repérables par les autorités. Même si une femme fait preuve de "masculinité", il faut la mettre à l'écart car les hommes se comportent différemment quand il y a une présence féminine et cela nuit à la confiance entre hommes. Pour finir, JD nous exhorte à se bouger le cul pour créer notre équipe de gars sûrs façon Agence tous risques.
 
Voilà, fin du bouquin... Il y a une suite appelée Becoming a barbarian sortie en 2016 mais généralement, dans ce type d'ouvrages anglo-saxon (motivationnel / sciences sociales), c'est souvent beaucoup de redites (la lecture du sommaire laisse craindre que c'est le cas).
 
Concernant "monte une équipe", il est amusant d'entendre que le concept de non-mixité a déjà fait son chemin si on s'en réfère au RDV dissident #11 vers 2H22m. Alors certes, c'est dit sur le ton de la rigolade mais vu le côté bromance sous-jacent… Je ne reviendrai pas sur la place de la femme dans le milieu dissident que j'ai déjà abordée dans mon précédent texte. Peut-être faudrait-il que certains se renseignent sur la composition de la bande à Baader pour élargir leurs horizons…
Appel téléphonique d'un membre de "Monte une équipe".

Au-delà de ça, et parce qu'il serait malhonnête de ne donner au lecteur qu'un point de vue qui pourrait être biaisé, le Raptor dissident et sa bande avaient consacré une partie de leur émission #7 à 1H15m40s sur la question de la virilité. À noter que le Raptor n'avait je pense pas encore lu le bouquin de Jack Donovan à cette époque. Je vous invite donc à écouter leur point de vue (un peu plus détaillé qu'à l'accoutumée) sur la question.

C'est intéressant de remarquer qu'au cours de cet émission, la notion de virilité est opposée au "racaillisme" alors que si l'on suit le coeur de la doctrine survivaliste de Jack Donovan, la "racaille" et le phénomène de bandes urbaines représente bel et bien l'essence du virilisme.

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